10.7.2011 | Je lis B et j'entends Belgique

A peine cinq cents mètres de voies ferrées, qui ressemblent à s’y méprendre à un cimetière ferroviaire, et c’est le foisonnement d’images. On ne sait plus où donner de la tête. La lentille est en ébullition et les déclics se succèdent avec une frénésie délurée. A chaque instant, un nouvel élément, un nouvel objet se distingue, se détache de son voisin, se laisse imprimer sur la pellicule comme pris par un avide besoin de témoigner. Car cette voie de chemins de fer a beaucoup de choses à raconter.

Chaque mètre parcouru semble en effet donner au promeneur l’opportunité de feuilleter les pages d’un journal intime, décrivant une époque définitivement révolue. Postée au droit du Bocq et longeant la carrière des Nutons, cette voie ferrée permettait l’exportation du minerai fraîchement exploité. On imagine la locomotive rutilante expulsant avec lourdeur des pans de vapeur dans le ciel. On imagine les coups de sifflets annonçant l’approche d’un convoi. On imagine les opérateurs, la casquette vissée sur la tête et le bleu de travail tâché de graisse, prêts à huiler les rouages de la bête ou à la pouponner avant un départ tout proche. On imagine les lumières multicolores longeant les voies, les aiguillages manuels, les panneaux de signalisation aux symboles compréhensibles par les initiés seulement. Sur ces quelques centaines de mètres de cimetière ferroviaire, on découvre tout un monde aujourd’hui disparu sous des amas d’années, envahi par la végétation abondante et attaqué par une oxydation galopante.

Un fait troublant lors de cette promenade est l’apparition récurrente et presque symbolique du sigle B sur tout ce qui avait un tant soit peu de valeur. Comme une rengaine, je lis B et j’entends Belgique… comme une chanson nostalgique.


http://gallery.neverstopexploring.be/#23Album: Du présent au passé en un claquement de lentille